vendredi 20 avril 2012

Fentanyl transmuqueux : une mise au point déjà controversée

La revue Douleurs (Editions Elsevier-Masson) publie dans son premier numéro de l'année 2012 une "mise au point sur l’utilisation du fentanyl transmuqueux chez le patient présentant des douleurs d’origine cancéreuse" [1]. Ce texte a été rédigé par un groupe de 13 experts, nommés par 3 sociétés savantes : l’Association Francophone pour les Soins Oncologiques de Support (AFSOS), la Société Française d’Etude et de Traitement de la Douleur (SFETD) et la Société Française d’Accompagnement et de soins Palliatifs (SFAP).


Première controverse : le groupe d'expert se positionne pour une définition large de l'accès douloureux paroxystique (ADP) : "exacerbation transitoire et de courte durée de la douleur, d'intensité modérée à sévère, survenant sur une douleur de fond contrôlée par un traitement opioïde fort efficace". Cette définition concerne donc, selon les auteurs, aussi bien des douleurs spontanées que des douleurs prévisibles, telles que les douleurs provoquées par les soins. En l'absence de consensus international sur ce qu'est un ADP [2], ce positionnement dans la douleur provoquée par les soins est loin d'être consensuel.

Deuxième controverse : 9 des 13 experts, dont le président du groupe de travail, sont en situation de conflit d'intérêts majeurs (voir article de mon blog), du fait de leurs liens d'intérêts avec au moins un des laboratoires pharmaceutiques commercialisant un forme de fentanyl transmuqueux. Toutes les préconisations de cette mise au point étant des "accords professionnels", elles ne reposent par ailleurs sur aucun niveau de preuve scientifique, mais sur la seule expérience des experts.

Alternative (gratuite) : consulter la fiche de bon usage du médicament de la Haute Autorité de Santé "Les médicaments des accès douloureux paroxystiques du cancer" (mise à jour en septembre 2011).