samedi 15 décembre 2012

Fibromyalgie : une histoire d’hormone… de croissance ?

Quand les rhumatologues rencontrent des endocrinologues, de quoi se parlent-ils ? De fibromyalgie bien sûr, cette affection touchant majoritairement la femme et pour laquelle les uns et les autres sont parfois démunis… Premier constat commun : environ la moitié des patients présentant un syndrome fibromyalgique présente également une perturbation hormonale en lien avec l’hormone de croissance (GH, pour growth hormone). Il s’agit soit d’un déficit en IGF-1, hormone produite par le foie sous l’influence de la GH, soit d’une vraie déficience en GH.




D’où l’idée de recourir à l’hormone de croissance pour traiter la fibromyalgie. L’histoire s’écrit en Espagne [1], où 120 patients traités médicalement pour une fibromyalgie ont pu participer à une étude clinique pendant 18 mois. Tous présentaient un déficit en IGF-1. Le premier groupe de 60 patients a été traité pendant 12 mois avec une GH ; le second groupe a bénéficié d’un placebo pendant 6 mois, puis de la GH pendant 6 mois. Les 2 groupes ont ensuite été surveillés pendant 6 mois. Voici les principaux résultats :
  • Aucune différence entre les 2 groupes pendant les 6 premiers mois (les auteurs pensent avoir utilisé des doses de GH trop faibles pour obtenir un résultat rapide…).
  • A 12 mois de suivi, les patients ayant été traité pendant 12 mois bénéficiaient d’une amélioration significativement supérieure à ceux traités pendant 6 mois : diminution du nombre de points de fibromyalgie (moins de 11 points dans 53% vs 33% des cas), des répercussions fonctionnelles et de l’intensité douloureuse (échelle numérique moyenne de 45/100 vs 60/100, pour une moyenne avant traitement de 75/100 dans les 2 groupes).
  • A 18 mois de suivi, donc 6 mois après arrêt du traitement par GH, les 2 groupes redevenaient comparables (les auteurs en concluent que le mécanisme de l’action antalgique de la GH est différent de celui des traitements médicamenteux habituels, opioïdes ou antidépresseurs).




A ce jour, les anomalies hormonales liées à la GH constatée chez les patients atteints de fibromyalgie restent difficiles à interpréter. Sont-elles la conséquence d’un stress prolongé ? Sont-elles à l’origine de la douleur ? Sont-elles liées aux troubles du sommeil (la production de GH étant maximale en phase de sommeil paradoxal) ? Participent-elles à un cercle vicieux entre la douleur, le stress et les troubles du sommeil ? Il reste difficile de répondre à ces questions avec certitude. Les résultats de cette étude ouvrent la voie au développement [2] d’un potentiel « traitement hormonal substitutif » de la fibromyalgie…




Références