dimanche 21 juillet 2013

Prise en charge de la douleur de la fibromyalgie : les "nouveaux médicaments" coûtent plus cher, mais les patient(e)s ne vont pas mieux…

La prise en charge de la fibromyalgie est loin d’être la même à travers le monde. Pourtant, presque toutes les recommandations vont dans le sens d’une prise en charge globale, associant exercice physique, thérapies cognitives et comportementales (TCC, voir article de mon blog) et traitement médicamenteux. Malheureusement, l’offre de soins en termes d’approches non médicamenteuses est encore bien insuffisante, y compris dans les pays les plus riches, soit par manque de professionnels formés, soit d’une fait d’une non prise en charge par les systèmes d’assurance maladie (voir article de mon blog). De ce fait, la prise en charge de la fibromyalgie se limite encore (trop) souvent à un simple traitement médicamenteux.




Mais quelles sont les recommandations concernant le traitement pharmacologique de la fibromyalgie ? D’une manière générale :
  • Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ne sont pas recommandés ;
  • Les opioïdes sont recommandés par certains et non indiqués par d’autres (pas de réel consensus) ;
  • Les « Nouveaux Médicaments d’Action Centrale » (NMAC), tels que la prégabaline (voir article de mon blog), la duloxétine ou le milnacipran, sont souvent recommandés du fait d’un haut niveau de preuve d’efficacité (sur le plan statistique pur). Cependant, cette efficacité est cliniquement faible et souvent obtenue eu prix d’effets secondaires gênants. Pour cette raison, l’agence européenne du médicament a considéré que leur rapport bénéfice-risque était défavorable dans la fibromyalgie. Autorisés aux USA, ils ne le sont donc pas en Europe dans cette indication.

Les auteurs américains de cet article ont suivi entre 2000 et 2010 un total de 3123 patients présentant une fibromyalgie : tous devaient remplir un questionnaire tous les 6 mois, afin d’évaluer leur traitement, l’intensité de leur douleur, leur fatigue et leurs capacités fonctionnelles. Pendant ces 10 ans, les prises de traitements ont évolué dans le sens suivant :
  • Les prescriptions d’AINS ont nettement diminué, puisqu’elles concernaient 74% des patients en 2000 contre 46% en 2010 ;
  • Les prescriptions d’opioïdes ont légèrement augmenté : 46% en 2010 contre 40% en 2000 ;
  • Les prescriptions de NMAC ont été multipliées par 4 (10% en 2000 pour 39% en 2010).

En 10 ans, le traitement médicamenteux a donc nettement évolué dans cette population de 3123 patients, au profit des NMAC, molécules nettement plus chères. Pour autant, la courbe ci-dessous démontre que l’état de santé des patients n’est pas meilleur en 2010 qu’en 2000 (aucun changement cliniquement significatif en termes d’intensité douloureuse, de fatigue ou de capacités fonctionnelles).




Plus chères et pas plus efficaces : les NMAC ont-ils vraiment une place dans le traitement de la fibromyalgie ? A la lecture de cet article, la réponse est clairement « non ».




Référence
Wolfe F, Walitt BT, Katz RS, Lee YC, Michaud KD, Häuser W. Longitudinal patterns of analgesic and central acting drug use and associated effectiveness in fibromyalgia. Eur J Pain 2013;17:581-6.

samedi 6 juillet 2013

Le curcuma pourrait prévenir le développement de douleurs neuropathiques

Le curcuma, plante herbacée rhizomateuse, est consommée comme épice une fois le rhizome séché et réduit en poudre. Sous cette forme, le curcuma possède des propriétés naturelles anti-inflammatoires, voire anticancéreuses.



Au cours d’une étude réalisée chez le rat, des chercheurs coréens pourraient bien avoir découvert une nouvelle propriété intéressante. Ils ont utilisé un modèle animal de douleur neuropathique : la ligature du nerf sciatique. Au total, 30 rats ont été répartis en 3 groupes : placebo (pas de ligature ni curcuma), ligature seule et ligature + ingestion quotidienne de curcuma (50mg/kg/jour 1 jours avant et 7 jours après la ligature).

Les rats dont le nerf sciatique été ligaturé ont développé une allodynie mécanique, quantifiée par des tests neurologiques standardisés (filaments de von Frey). Sept jours après la ligature, aucune allodynie n’était constatée dans le groupe ayant ingéré du curcuma (mêmes résultats que dans le groupe placebo).

La conclusion des auteurs de cette étude est la suivante : le curcuma pourrait prévenir le développement des douleurs neuropathiques s’il est utilisé de façon précoce. Bien entendu, les résultats obtenus chez l’animal ne présument en rien des effets potentiels chez l’homme : tout reste encore à démontrer. Le curcuma sera-t-il un jour au menu des patients diabétiques, en cas de zona ou au décours d’une intervention chirurgicale (situations à risque de développement de douleurs neuropathiques périphériques) ?